Il faut aller en Inde. Asseyez-vous et le spectacle commence. C’est un cirque, un zoo. En quelques minutes, on voit passer un chameau qui vous regarde l’air idiot, toujours, un éléphant qui tente de se faufiler discrètement, un singe qui mange une glace, des chiens errants dont personne ne semble se soucier. Comme le souligne Henri Michaux dans Un barbare en Asie, l’hindou est fataliste. Peu importe, après tout. Les bus qui sont conduits comme des fous, les rickshaws qui manquent à tout moment de vous écraser, les horripilants coups de klaxons, tout cela semble normal.

C’est pays immense, aussi, beaucoup plus que la Russie, pourtant réputé pour être le pays le plus vaste du monde. Mais il faut bien dire que les immeubles staliniens défigurent Moscou comme les villes sibériennes. Les datchas se ressemblent, la neige aussi. L’Inde, à ce titre, est bien plus grande, car bien plus variée. Le Nord et le Sud comme les régions qui la composent diffèrent. Et à l’intérieur de celles-ci, les villes aussi. De l’avis de tous, il faudrait une vie pour venir à bout de l’Inde tant il y a à voir.

Et plus que tout, c’est un pays vivant, totalement vivant, parce qu’il fait appel à tous les sens. C’est un pays d’odeurs. Souvent mauvaises, d’ailleurs. Bien sûr, c’est aussi un lieu où l’on goute, et où le « no spicy, please » est incompris. C’est un pays de bruits, de klaxons, de moteurs de rickshaws, de cris. Comme au théâtre, on joue : tout le monde est un peu acteur, ici. Si on ne l’est pas, on le devient (cf. la série « Pourquoi j’aime l’Inde » !). Il semble que ce soit le pays où ont été inventées les couleurs. Il faut voir les marchés, les épices, l’élégance des saris. C’est un pays où l’on parle enfin, où l’on se parle.