La poubelle est un objet délaissé, mais formidable. Pourtant, petit, le fait de savoir que c’était une invention m’étonnait beaucoup. Et cela me faisait bien rire de savoir qu’elle portait le nom de son inventeur (le fameux Préfet Poubelle).

Il suffit d’aller en Asie pour se rendre compte que l’usage de la poubelle ne va pas de soi. Dans les lieux fréquentés par les touristes étrangers, comme les hôtels, elle a sa place, bien que discrète. Mais dès lors qu’on s’aventure dans la rue, elle disparaît. Dans toute la ville de Luang Prabang, on compte seulement quatre poubelles publiques (et encore, je ne suis pas sûr que ce soit leur usage premier). Dans un bus, au Vietnam, le « contrôleur » (il y a toujours dans les bus asiatiques un ou plusieurs « contrôleurs », chargés de remplir le bus au maximum) voit une bouteille à côté d’un siège. Il la prend. Nous sommes alors en plein centre-ville, au milieu d’un rond-point. Il ouvre la porte du bus et la jette, tout simplement. Mettre un objet à la poubelle n’est pas un réflexe courant.

Cela dit bien que la poubelle, et au-delà la question du rapport à l’hygiène, n’est pas quelque chose de naturel. Plus qu’une invention, c’est bien quelque chose de social : jeter un objet dans un lieu prévu pour cela, c’est un réflexe construit socialement. Petit, je l’oubliais donc un peu facilement. En Inde, comme dans le Sud-Est asiatique, on se débarrasse des détritus par terre, tout simplement, sans que ça ne choque personne. Mais en Chine, avec les Jeux Olympiques, les choses ont commencé à changer un peu.