// Un peu d'aventure...

Des lieux

De l’eau en bas

En Birmanie, pendant le nouvel an bouddhiste est organisé un “festival de l’eau” qui durent trois jours, du matin jusqu’à la tombée de la nuit. Il a également lieu en Thaïlande et au Laos. Pendant cette période, les gens s’arrosent les uns les autres toute la journée. L’eau est censée avoir des vertus purificatrices et permet d’entamer une nouvelle année lavé des malheurs de l’année passée.

Mais arroser ici, c’est tout un art. Ou plutôt, une technique. Il ne s’agit de remplir un verre d’eau et de l’envoyer de loin à un passant, mais plutôt de se munir de sceau et de les envoyer à bout portant aux motos ou voitures qui passent (fenêtres ouvertes !). Les plus organisés ont prévu un tonneau pour se ravitailler au plus vite. Les hôtels et restaurants sponsorisent des estrades, sur lesquelles on peut utiliser des tuyaux pour arroser de manière quasi-industrielle, l’eau étant puisée dans les fleuves et les rivières. Très vite, on comprend la technique : viser le chauffeur à la tête, histoire qu’il ne puisse plus conduire. Comme ça, il s’arrête et on peut plus facilement atteindre les passagers à l’arrière. Et tout ça se fait en musique !

Personne ne s’énerve de recevoir de l’eau. Au plus fort du festival, il est tout simplement impossible de sortir sans rentré totalement trempé. Tout le monde arrose tout le monde sans savoir qui est qui, et c’est ça qui est formidable. Les employés des hôtels arrosent les clients, qui les arrosent à leur tour, comme si l’espace d’un instant les barrières s’estompaient. Mais un instant seulement, puisque quelques minutes après, les employés retrouveront leur déférence habituelle. L’espace de quelques jours, derrière ce Festival de l’eau, les barrières sociales s’estompent. Il n’y plus tellement de riches ou de pauvres, d’étrangers ou de Birmans, mais il n’y a que des arroseurs… et des arrosés.

Discussion

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  1. Est-ce qu’il n’y pas une dimension politique dans tout ça ? Même si la joie est sincère, derrière il y a les prisonniers politiques qui croupissent derrière les barreaux, Ang Sang Suu Ki en résidence surveillée chez elle, des artistes interdits de se produire comme les frères Moustache. Est-ce que ce n’est pas un peu les Jeux du cirque, le peuple qui a le droit de s’éclater pendant trois jours pour être plus docile encore le reste du temps ? Et les généraux qui s’achètent ainsi la paix civile.

    Posté par vs | 13 mai, 2009, 13:03
  2. Tout à fait d’accord…

    Posté par Arthur | 13 mai, 2009, 13:34
  3. Le jeune homme à la barbe naissante semble lui aussi prenne du plaisir dés plus salace en regard de son sourire légèrement pervers pépère et de la façon dont il tient sa lance (sublimation quand tu nous tient).Que pensez de cela?

    Posté par soule | 21 mai, 2009, 14:44
  4. Une barbe Arthur? rien ne va plus. La fille a droite sur la photo est européenne tu l’as connais?
    Je vois que le moral est bon et que tu reste un grand joueur. Pour information les enfants commencent les batailles de pistolet a eau dans la rue.
    Sur le fond je rejoins un peu VS dans cette analyse. Dand une moindre mesure nous avons nous aussi ce type de pratiques pour gérer la paix sociale non?. Un long débat….

    Posté par Louis, Mathilde et Violette | 27 mai, 2009, 15:55
  5. Effectivement, on a aussi ce genre de pratiques, mais comme vous le soulignez, “dans une moindre mesure”. Chez nous, il n’y a rien d’aussi transcendant, d’aussi total. Le festival de l’eau en Birmanie couvre 99 % de la population. Rien de comparable en France (sauf peut-être quand elle est en finale de la coupe du monde ?).

    Posté par Arthur | 1 juin, 2009, 16:25