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Des lieux

La frontière finno-chinoise… (Transsibérien, 4e partie)

Le passage des frontières, russe, puis mongole, puis à nouveau mongole, et enfin chinoise, est un des moments importants du Transsibérien. Ou du Transmongolien pour être exact, puisque le “vrai” Transsib demeure en Russie, jusqu’à Vladivostok. Il dure toujours plusieurs heures, avec éventuellement interdiction de descendre du train. Les policiers contrôlent les passeports et les visas. Parfois, ils poussent le zèle jusqu’à une fouille des compartiments, voire des bagages.Bienvenue en Chine

Le passage de la frontière a souvent lieu la nuit, comme ce fut le cas lors de mon voyage. Dans ce cas, on ne dort pas beaucoup. Tout devient surréaliste quand on arrive le Chine. Alors que les frontières sont passées, le train s’arrête en gare afin de respecter les horaires. Pendant leurs premières minutes en “république populaire”, les passagers sont accueillis par une musique littéralement sortie de nulle part (voir la vidéo ci-dessous !).

Dans le Transsibérien, les wagons-restaurants s’adaptent au pays traversé, aussi bien au niveau des menus que de la décoration. En Russie, il est cher et les passagers ne le fréquentent guère. Cela change à partir de la Mongolie, du moins pour les touristes étrangers pour qui il devient bon marché. Les serveuses y parlent rarement anglais, parfois russe. On paie dans la monnaie locale, ou en dollars, bien sûr (à un taux de change très favorable, cependant).

Et puis bien sûr, il y a les paysages. Les premières heures passées dans le Transsibérien laissent perplexes. On se dit rapidement que l’on va voir de la neige pendant des milliers de kilomètres à cette saison, et on maudit le Lonely Planet de se cantonner à une période de l’année particulière. Mais la traversée de la Mongolie, puis de la Chine, permet de se rendre compte de son erreur. Voyager en Transsibérien, c’est aussi parcourir plusieurs climats, nécessairement à des périodes différentes (à moins de faire le trajet sans arrêt).

Alors évidemment, les décors diffèrent. On avait commencer avec de la neige à perte de vue, on se retrouve quelques semaines plus tard en plein Far-West. Le désert mongol s’étend sur des centaines de kilomètres. Il n’est pas rare d’y croiser des chevaux, même très éloignés de toute présence humaine. Les animaux sont tellement nombreux en Mongolie (10 fois plus que la population, qui s’élève seulement à 2,8 millions de personnes),  que les paysans pratiquent ce qu’on pourrait appeler “l’enclos inversé”. Il y a bien des clotures pour indiquer aux bêtes l’endroit où elles peuvent paître, c’est-à-dire à l’extérieur ! Les barrières servent en effet à protéger les habitations et les animaux sont libres d’aller et venir en-dehors.

A la frontière sino-mongole, le train entre dans un hangar. L’écartement des boggies (je ne sais pas trop ce que ce mot veut dire, probablement l’équivalent de roues pour les trains) diffère entre le réseau russe et mongol d’un côté et chinois de l’autre. Il est donc nécessaire de soulever (!) les wagons pour les changer. Cela prend une à deux heures. Ensuite, on “file” vers Pékin. Les dernières heures sont les plus courtes. Il faut dire que la plupart des passagers ont déjà fait plus de 140 heures de Transsibérien ces dernières semaines. Dans le wagon exclusivement composé d’étrangers où je me trouve (héritage de l’époque soviétique sans doute, où ils étaient souvent séparés des Russes), beaucoup de voyageurs ont fait le trajet depuis Moscou. Souvent en marquant un arrêt à Oulan-Bator (UB dans le jargon, pour Ulaan-Bataar). Beaucoup de nationalités différentes. Tous parlent anglais, aucun russe. On parle facilement. Dans quelques heures on arrive, enfin. Que faire, après le Transsibérien ? Il y a le Suisse qui veut aller à Tsingtao aux sources de la bière chinoise, les Suédois qui sont venus de Stockolm uniquement par le train et qui ont bien l’intention de continuer, l’Australien qui dit “fucking” dans toutes ses phrases, le couple de traders franco-suisse qui profitent de la crise dans leur milieu pour s’offrir un tour du monde, la Japonaise qui va en Turquie. Et les Finlandaises qui veulent voir “Mao” et la Cité interdite… Mais ça, c’est une autre histoire.Boggie Boggie

Discussion

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  1. le désert mongol n’est pas un décor de Far-West mais la représentation de la civilisation mongole: rien à voir avec celle des États-Unis. Rendons à l’enclos inversé ses particularités et aux paysans son histoire naturelle…
    Le train, pacha de l’aventure traverse le temps, l’espace et bien sur toi et les finlandaises!!!!

    Posté par soule | 19 avril, 2009, 14:57
  2. je pense que les boggies sont les rails dont l’écartement différe selon les pays. Ainsi les trains venant de Pologne devaient s’arrêter en entrant en URSS pour s’adapter aux rails soviétiques. Et vice versa.

    Posté par v soulé | 21 avril, 2009, 21:49