13h30 : j’embarque à bord du Transmogolien n°6, le fleuron des trains mongols. Nous ne sommes que deux dans le compartiment. Un type qui se dit Kazakh m’accompagne jusqu’à Oulan-Bator.
14h : dans le train débute un trafic qui ne s’arrêtera vraiment qu’après le passage de la frontière mongole (c’est-à-dire quelques 12h plus tard). On trouve de tout : des pneus de voiture, des soupes lyophilisées, des tapis, des lecteurs MP3… Tout s’échange, tout s’achète.
15h : je reviens du wagon-bar, alors que mon compagnon tient meeting dans le compartiment. Il me demande s’il peut mettre une boite (entourée d’un sac plastique) sous ma banquette. Voyant que ce n’est pas possible de son côté puisqu’il semble être vraiment chargé, j’accepte bien évidemment. Puis, il veut savoir si je ne vois pas d’inconvénient à déplacer mon gros sac pour le mettre par-dessus le sien, histoire qu’on ne le voit pas. Je commence à me poser des questions. Quand il me demande si je veux bien dire aux douaniers que le sac m’appartient, je me dis que mon voisin a l’air un peu louche, et que je vais passer 18 heures charmantes. Histoire de ne pas contrarier notre cohabitation pendant ce long voyage, je réponds à tout cela d’un oui évasif, tout en me promettant de jouer les innocents à la moindre question des douaniers. Par contre, je réponds clairement « non » quand il demande si je ne suis pas naïvement d’accord pour mettre son sac DANS le mien.
16h : le voisin de compartiment est un Australien qui ne parle pas un mot de russe. Mais il dit « fucking » dans la plupart de ses phrases, notamment à propos des « fucking beers » ou des « fucking Russians ». J’essaie de m’y mettre.
18h : comme le thé est la seule boisson autorisée (à part la vodka, bien sûr), je sors ma boite de sucre avant de commencer un petit somme.
18h15, 18h45, 19h : somnolant, je constate que mon stock de sucre est en train de baisser continuellement. Je commence à m’apercevoir que mon camarade de chambrée est en train de commencer un traffic de sucre. Ou alors il va falloir qu’il fasse attention à son cholestérol, le bonhomme.
20h : une réunion se tient dans mon compartiment, qui ressemble de plus en plus à un tripot, alors que je suis allongé sur mon lit et que personne n’y prend gare.
22h : un type entre dans le compartiment et commence à entreposer tout un tas de carton en haut, sans même s’intéresser à ma présence. Il reviendra après le passage de la frontière les chercher.
23h : passage de la frontière russe, ou peut-être 3 heures avant, on perd la notion du temps dans le Transsibérien (qui voyage à l’heure de Moscou, alors qu’évidemment le jour et la nuit suivent l’heure locale !). Les douaniers démontent le train sans y trouver grand-chose. Le soi-disant Kazakh tant un passeport mongol (le fameux coup de la minorité kazakh de Mongolie…). Près de 4 heures plus tard, le train redémarre.
23h30 : passage de la frontière mongole. Même cirque, quoiqu’un peu plus rapide.
1h : un type avec un uniforme de policier vient récupérer un paquet dans mon compartiment. Il discute en rigolant avec le Kazakh. Tout va bien. On arrive demain.
quel pied……
signés Mathilde Violette
excellent !